55A, rue de la Fabrique, Sainte-Claire, G0R 2V0
418 883-3633
cfemmesbellechasse@telus.net

Survivre au deuil

Le Centre-Femmes de Bellechasse travaille à l'amélioration de la condition de vie des femmes

Survivre au deuil

Le deuil, un mot qui fait peur, car il survient à la suite d’une perte. Il peut s’agir de la mort d’un être cher, la cessation d’un travail, le déclin des capacités physiques ou d’un changement important dans notre vie (séparation, nouvelle pratique au travail, etc.). Plus nous avançons en âge et, plus fréquents deviennent les deuils. Nous devons apprendre à continuer notre vie même si, c’est parfois très difficile.

Je ne suis pas une experte dans le domaine, mais déjà, j’ai vécu quelques expériences du deuil de personnes, du travail et de la perte de capacité physique. Comme plusieurs, j’ai eu besoin d’aide pour reprendre pied dans ma vie.
Plutôt que d’affronter le deuil, nous avons le réflexe de le nier, de vouloir l’oublier, de passer à autre chose le plus vite possible. Mais qu’on le veuille ou non, il nous faudra passer à travers de chacune des étapes qui mènent à l’acceptation. Voici les étapes normales du deuil :

  • Le choc et le déni
  • La colère
  • La dépression
  • L’acceptation
  • Le renouveau

Dans chacune des étapes, il faut prendre son temps, sans se laisser dériver ou s’enrouler dans la douleur.

Tout comme pour le cycle des saisons, le processus normal du deuil nécessite en moyenne un an. Un décès à la suite d’une maladie prend quelques fois moins de temps, car une partie des étapes du deuil a été faite pendant la maladie. Un décès subit prend plus de temps à guérir et s’il survient de façon brutale (suicide, meurtre) la guérison peut s’étendre sur plusieurs années.

Le deuil nous change. Le temps de réflexion qu’il suscite nous fait prendre conscience de notre vie et nous incite à réviser nos priorités. Cette introspection nous change à tout jamais. Nous ne serons plus jamais la même personne.

Sans prétention, voici quelques explications sur les phases du deuil, une étape difficile de la vie.

Tout d’abord, il faut revoir notre perception de la mort. Il faut admettre que la mort d’un proche n’est pas la fin de notre vie, mais un changement important dans celle-ci. Notre vie continue, mais d’une façon différente.

Une chose demeure pour ceux qui restent, il y aura un après.

Il faut apprendre à reconnaître les étapes qui mènent à la guérison et, pour cela, il faut s’écouter.

Le choc, le déni
Après le choc de la nouvelle vient le déni. Lorsque la nouvelle est trop douloureuse, pour se protéger de cette épreuve, on se dit que c’est impossible, que ce n’est pas vrai. La plupart du temps, cette étape se passe assez facilement dès qu’on voit la personne décédée. Cela devient évident. Cependant, dans la société moderne, avec la crémation, cela requiert un acte de foi. Notre proximité avec le défunt fait une différence; plus nous la connaissions et plus cette étape risque de s’allonger.

La colère
Affrontez votre colère. Imaginez que la mort est une personne et dites-lui tout ce qui vous met en colère contre elle. Faites-lui des reproches sur l’injustice de la situation ou essayez de comprendre la libération de la souffrance pour cette personne, tout en reconnaissant la tristesse de l’évènement et le vide que ce départ représente pour vous. Puis lentement, apprenez à meubler ce vide des meilleurs souvenirs que vous avez de la personne disparue.

La dépression
Nous pouvons confondre le désespoir et la dépression. Il faut se rappeler que le désespoir est un immense chagrin qui nous autorise à pleurer, accompagné d’une absence de volonté, de désir et même de plaisir. C’est l’étape à laquelle personne n’échappe, il faut la vivre et peu à peu l’accepter. C’est souvent la plus longue et la plus douloureuse étape, mais elle est nécessaire. Si on essaie de l’escamoter, elle reviendra à un moment ou l’autre de notre vie. Souvent, elle entraîne une certaine agressivité et un dégoût pour la vie. Cette période peut mener à la dépression, c’est une lassitude qui nous envahit sans qu’on sache vraiment pourquoi et qui nous laisse sans intérêt pour l’existence en général. Il est fondamental de différencier une dépression réactionnelle et consécutive à un deuil d’une dépression nerveuse qui nécessitera l’intervention d’un professionnel de la santé mentale.

L’acceptation
Puisque nous partagions un lien avec le défunt, nous devons réapprendre à vivre sans ce lien, à le modifier. Il deviendra un souvenir et cela remplira une partie du vide laissé dans notre vécu.
Nous ne pouvons pas toujours dire ou exprimer notre douleur. Cela crée parfois un sentiment d’incompréhension ou d’isolement. Tout comme la chenille, il faut parfois se bâtir un cocon pour en ressortir heureux et transformé, prêt à s’envoler vers une nouvelle vie.

Une sensation de vide nous habite. Rassurez-vous! La nature reprend ses droits et bientôt cette vacuité sera comblée par une nouvelle activité, de récentes amitiés ou tout simplement par une grande paix intérieure.

Même si nous avons l’impression que la personne disparue était vitale dans notre vie, nous étions simplement en relation. Après son départ, notre vie se transforme. Nous ne partagerons plus les mêmes choses, mais tout ce que nous avons vécu ensemble restera à jamais dans notre coeur.

Les bases de votre vie changeront que ce soit vos activités, vos relations; votre vie en général ne sera plus jamais pareille. L’évolution et la transformation se feront lentement, mais petit à petit, votre vie se réorganisera différemment.

Pour bien faire son deuil, il faut parfois se réconcilier avec la personne décédée. Vous pourriez même être obligé de consulter un psychologue pour y arriver. Exprimer sa colère, son ressenti, les non-dits à voix haute et forte libère des tensions trop longtemps étouffées. Si cela vous est trop pénible, alors écrivez-lui une lettre et dites-lui tout ce que vous avez besoin de lui dire, tout ce que vous lui reprochez ou n’avez jamais osé lui dire, demandez-lui des excuses. Si nécessaire, demandez-lui pardon. Prenez le temps de rédiger cette lettre sur plusieurs jours pour ne rien oublier. Quand vous aurez fini, brûlez la lettre et allez répandre les cendres sur la tombe ou dans un lieu qui vous était commun.

Dans la souffrance et la tristesse, votre énergie est tournée vers la mort sans que ce soit des idées suicidaires. Simplement, vous vous questionnez davantage sur la mort que sur la vie. Peu à peu, en laissant libre cours à votre tristesse et à vos larmes, en acceptant la transformation de votre vie, vous vous tournerez vers la vie à reconstruire.

Laissez partir la personne décédée. Vivre dans son souvenir n’est pas bon. Ces réminiscences alourdissent. La réalité, c’est qu’elle est morte et par conséquent, il faut l’accepter et la laisser nous quitter. Ce n’est pas l’oublier, mais c’est poursuivre votre vie sans elle.

Le renouveau
S’autoriser à vivre. Se tourner vers l’avenir, c’est se consacrer des moments agréables. C’est rire, sourire, chanter, danser, s’amuser, faire la fête, partager un repas avec des amis, faire des projets.

Cette décision est un choix volontaire qui vient du mental et qui mène vers le chemin de l’acceptation. Accepter de laisser partir le défunt et de continuer notre vie. Accepter d’aimer et d’être aimé sans un sentiment de trahison. Il faut se rappeler que la personne que vous aimiez voulait surtout votre bonheur. Prenez le temps d’inverser les rôles. Si vous étiez mort et elle vivante, que lui diriez-vous?

Ce texte n’est pas un remède miracle pour guérir du chagrin laissé par la disparition d’une personne que l’on a aimée, mais une prise de conscience sur ce que nous vivons, un peu de lumière dans ce tunnel qu’il faut traverser. Elle porte l’espoir qu’après la pluie vient le beau temps, qu’après l’hiver refleurit le printemps.

Surtout, n’hésitez pas à demander l’aide d’un psychologue ou d’un groupe de soutien si vous sentez que vous ne serez pas capable de traverser cette épreuve toute seule. Une personne neutre, sans attache sentimentale avec la personne décédée, pourra vous comprendre et vous aider à franchir la route tortueuse du deuil.

Référence :
« Pour dépasser le deuil» de Sophie Del Val.
« La personne âgée face au deuil» de Marie-Christine Adriaensen.

Groupe de soutien dans Bellechasse :