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Le buffet des inégalités

Le Centre-Femmes de Bellechasse travaille à l'amélioration de la condition de vie des femmes

Le buffet des inégalités

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, le Centre-femmes de Bellechasse conviait la population à déjeuner au Buffet des inégalités, le samedi 5 mars 2016. Dès leur arrivée, chaque participante recevait une fiche portant une nouvelle identité, un jeu de rôle et un montant d’argent.

Ainsi, chaque participante devait exposer sa situation fictive à une agente qui devait soit lui imposer une pénalité ou des frais médicaux et autres qui diminuaient sa mince allocation. Par la suite, les femmes déterminaient avec leur faible pécule ce qu’il leur était possible d’acheter pour déjeuner…

Pour la plupart, il s’agissait de femmes inscrites à l’aide ou à la solidarité sociale, d’itinérantes ou de femmes vivant sous le seuil de la pauvreté. Parents d’enfant en bas âge, aidants naturels, personnes souffrant d’une maladie ou d’un handicap temporaires, femmes enceintes, femmes autochtones, personnes âgées de 55 ans et plus, le portrait de ces femmes était maquillé de difficultés.

Certaines comédiennes furent particulièrement convaincantes pour éveiller à la conscience le drame de ces femmes aux prises avec la difficulté de se nourrir avec des revenus insuffisants. Car la problématique est bien réelle, ici dans Bellechasse comme partout ailleurs au Québec.

Une dure réalité pour quelque 900 Bellechassois.

Selon de récentes statistiques, on estime que quelque 900 Bellechassois (487) et Bellechassoises (415) vivent sur l’aide et la solidarité sociale dans notre région. La prestation de base pour un adulte inscrit sur l’aide sociale (sans contrainte) est de 623 $ comparativement à 947 $ pour une personne bénéficiaire de prestation de solidarité sociale (allouée aux personnes souffrant de handicaps ou de problèmes de santé mentale ou physique). Les personnes peuvent toucher 200 $ de revenu d’emploi sans être pénalisées.

Au mieux, un adulte peut compter sur un peu moins de 800 $ par mois pour payer le loyer, l’électricité, la nourriture, les vêtements, les soins d’hygiène et les autres frais incontournables. Il ne reste généralement rien ou bien peu pour les médicaments, les soins dentaires, le transport, les loisirs, les assurances, les communications.

Mythes et préjugés

En plus de se débattre avec des prestations d’aide insuffisantes, les personnes en situation précaire doivent combattre mythes et préjugés.

On reproche aux personnes pauvres d’être incapables de gérer un budget, de ne pas faire les bons choix et d’être imprévoyantes. La précarité oblige les gens à composer au jour le jour, simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens d’agir autrement. Difficile de boucler un budget lorsque l’on dispose de quelques centaines de dollars pour pallier les soins de base. Les compétences et la bonne volonté ne suffisent pas : pour faire les bons choix, il faut d’abord… avoir le choix.

Plusieurs prétendent que pour sortir de la pauvreté, il suffit d’aller travailler. Bien que le travail comporte certains avantages, occuper un emploi n’est pas une garantie contre la précarité. Près du tiers des personnes ayant un faible revenu sont des travailleurs et des travailleuses. Les boulots accessibles aux personnes peu scolarisées (et aussi très scolarisées!), sont souvent précaires, peu attrayants, mal rémunérés et sans protection.

Un dur constat

Être pauvre, c’est très souvent vivre du stress, ressentir de la honte. Constamment placé en situation d’urgence, il devient quasi impossible de planifier ou d’économiser, de sorte que le moindre imprévu déstabilise le budget sur plusieurs mois.

À la longue, ces personnes deviennent plus vulnérables et en moins bonne santé physique et mentale, réduisant ainsi leur espérance de vie. Isolés, ces individus sont coupés de l’information, des connaissances et des réseaux qui facilitent l’intégration sociale.

Les personnes démunies financièrement souffrent de ne pas pouvoir offrir à leurs enfants ce dont ils ont besoin ou de visiter leurs proches. Elles connaissent des privations continuelles qui les limitent de plus en plus dans leur capacité de choisir. Ces mêmes personnes n’ont plus l’impression de vivre, mais uniquement de survivre.

Un tissu de solidarité

Ce buffet des inégalités laissa un goût amer dans la bouche des participantes. Heureusement, toutes les participantes ont pu manger à leur faim, car la générosité et la solidarité des organismes tels que le Centre-femmes de Bellechasse apportent une aide certaine pour l’amélioration des conditions de vie des femmes dans la région. Mais ses ambassadrices ne sont pas sans rappeler l’importance de lutter pour la défense des droits économiques, sociaux et culturels des femmes. D’ailleurs, tout un collectif de femmes veillent au grain et profitent de cette journée thématique pour exhorter les instances à mettre en place des mesures concrètes qui favoriseront une réelle égalité femmes-hommes et des conditions de vie décentes pour nos familles et nos communautés.

Heureusement, la mobilisation des bénévoles et l’appui d’un réseau de partenaires locaux et régionaux qui s’engagent dans l’amélioration de la qualité de vie de toute la population aident à faire une différence dans la vie des personnes défavorisées.

Sylvie Gourde

Cette activité repas de sensibilisation est une création du Collectif de lutte contre la pauvreté Centre-du-Québec.