Se donner des ailes
Avec Lucie Lacroix, animatrice au Centre-Femmes de Bellechasse
Depuis sa tendre enfance, Lucie Lacroix écoute, observe, réconforte, apaise. Son parcours de vie l’a conduite au Centre-Femmes de Bellechasse où elle anime divers ateliers. Doucement, sans grand fracas, Lucie guide les femmes vers leur sanctuaire intérieur afin qu’elles trouvent à même leur inspiration des outils pour bricoler autrement leur existence.
«J’enseigne aux femmes parce que j’aime écouter leur histoire, apporter une relation d’aide, valoriser le côté social», déclare d’entrée de jeu Lucie.
Voilà deux ans, qu’elle voit, en partenariat avec l’équipe du Centre-Femmes, à la bonne marche des projets et activités de l’organisme : les ateliers Mon corps est à moi, les déjeuners d’Espoir-Partage, les cuisines thématiques, les midis jasette, les mercredis entre amies où s’entremêlent activités de bricolage et conférences. La programmation plaît aux femmes qui sont légion à fréquenter les lieux.
Auparavant, pendant une dizaine d’années, elle a dirigé, à titre d’artiste peintre, des ateliers de peinture pour Espoir-Partage, un groupe de soutien destiné aux femmes ayant reçu un diagnostic de cancer. Toujours, l’écoute s’avère le médium premier pour étaler sur la toile de l’existence toutes les nuances qui mettent en perspective l’optimisme et la résilience.
«J’utilise ma chape de vie cousue à même mes connaissances, mes expériences, mon intuition, ma féminité, voire même mes vulnérabilités, pour communiquer avec les femmes», déclare-t-elle. Dans le froufrou de ses jupes, ce petit bout de femme incarne à la fois la fragilité et aussi cette réceptivité à la bienveillance des êtres. «Les gens peuvent tout donner quand ils sont en confiance», avoue Lucie, avec sagesse. Avec sa sensibilité inhérente à son âme d’artiste et son empathie, elle s’active candidement, les yeux grands ouverts sur la beauté du monde, afin de permettre aux femmes de libérer, dans l’harmonie, leur essence.
Mon corps est à moi
«Il est étonnant de constater que seulement 2 % des femmes s’apprécient telles qu’elles sont. Les femmes ne s’aiment pas et cela part de loin. Simplement, je les ramène à leur réalité et les invite à s’observer. Le corps parle, écoute-le, deviens autonome dans ton observation. Le corps adore l’attention qu’on lui porte et nous le rend au centuple», leur dis-je.
«Si tu écrases une chenille, elle ne peut pas devenir papillon. La chenille évolue à ras le sol, avance lentement, se nourrit des énergies primaires. Lorsqu’elle devient papillon, ses ailes lui permettent d’aller plus loin rapidement. Si tu es constamment en maudit après toi, te méprises, tu ralentis la métamorphose. Ensemble, nous travaillons ces aspects afin d’ouvrir nos ailes et de s’affranchir de situations dérangeantes.»
Les cuisines thématiques
Parce que nous mangeons trois fois par jour, parce qu’à l’automne l’abondance des fruits et des légumes oblige à faire davantage de conserves, les cuisines thématiques permettent aux femmes de préparer en grande quantité des mets savoureux dans une ambiance relaxante et amusante. Compote, marinades, sauce à spaghetti, rouleaux de printemps émergent des mains expertes des femmes qui se partagent en parts égales les mets préparés. «On papote en faisant la popote. À échanger ainsi recettes et confidences, les femmes prennent un temps d’arrêt dans leur quotidien, rient ensemble, développent de belles amitiés qui renforcent le sentiment d’appartenance, alimentent leur joie de vivre. Faire une pause est souvent salutaire. Nos aspirations ont besoin d’espace pour se déployer et, avec nos ailes neuves, il devient plus facile de prendre notre envol», enchaîne Lucie, tout sourire.
Les mercredis entre amies
Les femmes arrivent comme des abeilles vers la ruche afin de déposer le précieux nectar butiné sur les fleurs de leurs réalisations. Art créatif, fabrication de bijoux, bricolage en bois et tant d’autres projets deviennent d’heureux prétextes pour se RE-CRÉER. «Plus on incite les femmes à créer, plus on les encourage à imaginer, à innover, à créer leur propre vie. Lorsque l’on se met en processus de création, on enclenche à l’intérieur de soi un élan de vitalité qui dynamise tous les aspects de notre vie, parce que créer rend vivant», explique avec passion cette fée des étoiles.
« Plus tu vis l’instant présent en focalisant sur des choses que tu aimes, plus tu te recentres, plus tu reviens au niveau du cœur et plus tu lâches prise sur tes problèmes et tes souffrances. Ton âme devient alors la meilleure pièce de ta maison, c’est là que les vraies réponses se trouvent.»
Lucie Lacroix est consciente que les services offerts au Centre-Femmes de Bellechasse répondent à de véritables besoins. «La maladie, le cancer, l’isolement, conjugués à diverses problématiques, peuvent générer de grands vides intérieurs et dérouter la personne. Le processus de créativité trace mille et un chemins qui mènent vers la débrouillardise. Créer, c’est justement ouvrir cet espace de liberté en soi, se donner des ailes.»
Avec cœur et solidarité, Lucie œuvre avec une conviction contagieuse à la concrétisation des nombreux objectifs de la mission du Centre-Femmes de Bellechasse. Elle aime évoluer, se conforter aux ressources de chacune, autant les animatrices que les participantes. Ce qui lui plaît d’emblée repose sur les vastes possibilités de son champ d’action. «J’adore mon travail car je peux y exprimer ma créativité. La créativité redonne à chaque personne le pouvoir de créer sa vie», conclut-elle avec son ineffable délicatesse. Pas surprenant que pour les femmes, Lucie représente une fille, une sœur, une mère et s’incarne harmonieusement dans la matrice du Centre-Femmes de Bellechasse.
Sylvie Gourde